Retour sur la conférence Vers un pacte vert et durable pour le sport (PFUE 2022)

Organisée par le ministère chargé des sports dans le cadre de la Présidence française du Conseil de l’Union européenne (PFUE), la conférence Vers un Pacte vert et durable pour le sport a permis, le 3 mars 2022, d’amorcer les discussions autour de la construction d’un véritable Pacte vert européen du sport.

Qu’ils soient institutionnels, d’organisations non gouvernementales, de comités olympiques ou du secteur privé, tous les invités présents au Parlement européen de Strasbourg sont intervenus dans ce sens. Benjamin Billet, chargé de mission au Pôle ressource national sport de nature (PRNSN) au CREPS/CESN et secrétaire général d’ENOS, a également pris la parole lors de la sixième table ronde de cette journée, apportant sa pierre à l’édifice. Retour détaillé sur une conférence forte en apprentissages et porteuse d’espoirs de coopération.

Introduction

Venus de République Tchèque, de Suède ou de la Commission européenne, les ministres et commissaires invités ont, dès l’ouverture de la conférence, annoncé leur volonté de coopérer en encourageant de plus nombreux partenariats au sein du secteur sportif.

Si Anders Ygeman, ministre suédois de l’intégration et de la migration, a rappelé que le sport était l’un des meilleurs moyens d’encourager les mobilités et d’accroître l’interculturalité, la ministre des sports, Roxana Maracineanu a, quant à elle, insisté sur la nécessité de reconnaître le sport comme outil d’éducation au développement durable – reprenant notamment les résultats de la première réunion organisée dans le cadre de la PFUE, en février dernier. S’appuyant sur le dernier rapport du GIEC pour souligner l’urgence écologique, elle n’a pas hésité à considérer le sport comme cause, victime mais aussi solution au dérèglement climatique. C’est d’ailleurs dans ce cadre qu’elle a plaidé, à l’instar des autres personnalités politiques présentes, pour la mise en place d’un véritable « Pacte vert sportif européen ». Pour ce faire, il semblait nécessaire, au cours de cette conférence, de définir des perspectives européennes ambitieuses, après avoir dressé un état des lieux précis de la situation.

Les impacts croisés sport et environnement

Table ronde 1 : les impacts du sport sur l’environnement

En ce sens, la première table ronde a permis d’établir clairement le lien entre sport et nature. L’ensemble des parties-prenantes ont convenus que le secteur sportif, bien que témoin de la dégradation environnementale, en est aussi responsable. En rappelant que les sports de nature pouvaient être consommés de manière non durable (empreinte carbone pour atteindre les sites de pratiques, non-respect des environnements naturels, etc.), Tim Badman, représentant de l’International Union for Conservation of Nature (IUCN), a rejoint les propos de Yann Leymarie, responsable du sport, Surfrider Foundation Europe (SFE). Revenant sur la quantité de plastiques utilisée pour produire certains équipements sportifs ou sur la dégradation des milieux induite par la sur-fréquentation des spots, ce dernier a en effet souligné l’impact négatif du sport sur l’environnement.

Leurs constats ne sont cependant pas totalement alarmistes puisqu’ils reconnaissent le rôle positif que peut jouer la pratique sportive sur l’environnement. Après avoir écouté l’enseignant-chercheur Karim Abu Omar – relevant que la marche et le vélo constituent un moyen efficace de réduire la pollution atmosphérique urbaine -, Yann Leymarie a insisté sur le pouvoir de l’éducation à l’environnement par le sport, de plus en plus reconnu au sein des organisations européennes. Cette connexion entre sport et nature doit être davantage reconnue, et la collaboration entre les États davantage engagée, pour que le secteur sportif s’engage dans une transformation culturelle profonde et contribue à faire face à la crise écologique mondiale.

Table ronde 2 : les conséquences du changement climatique sur la pratique du sport

Articulée autour de l’adaptation des sportifs au changement climatique, cette deuxième table ronde a révélé l’impact du dérèglement climatique sur la pratique sportive (hausse des températures, transformation des sites de sports de nature jusqu’alors préservés, questionnements autour de l’utilisation de neige artificielle, saturation des zones naturelles, etc.) ainsi que sur l’organisation des grands événements sportifs internationaux (reports ou annulations de compétitions pour cause de feux, de typhons, etc.).

Directement influencé par le changement climatique, les intervenants ont convenu qu’il était du devoir du secteur sportif d’adopter des comportements éco-responsables (et notamment, de diminuer la dépendance aux énergies fossiles).

Idées inspirantes pour un sport plus vert et durable

Table ronde 3 : les grands événements sportifs internationaux

Ce devoir du secteur sportif de devenir plus éco-responsable passe notamment par une nouvelle gestion des grands événements sportifs internationaux. Ces derniers représentent, en effet, de nombreux enjeux en matière d’empreinte carbone liée à la mobilité des sportifs, mais aussi des spectateurs, prestataires, fournisseurs… Quelles solutions adopter, dès lors, pour réduire l’impact de ces compétitions ?

Si l’existence de labels bas carbone – tel que celui créé par le Ministère de la Transition écologique – a été félicitée, Kevin Rolland, skieur de haut-niveau intervenant lors de cette troisième table ronde, s’est positionné pour la mise en place de minimas de développement durable pour l’organisation de chaque grande compétition sportive.

Table ronde 4 : les articles et équipements sportifs

Au-delà des grands événements internationaux, le secteur sportif est également responsable d’une grande partie des émissions, du fait de son industrie polluante. C’est dans ce cadre que les représentants de Décathlon, Timberland, Picture Organic Clothing ou European Outdoor Group (EOG) se sont réunis autour de la quatrième table ronde de cette conférence.

Les discussions, particulièrement intéressantes, ont fait ressortir une idée principale : il faut réinventer la façon de produire, en privilégiant la qualité à la quantité et en mettant fin à la course au prix le plus bas. Cela devrait permettre aux entreprises de se concentrer sur la conception de nouveaux types de produits à l’empreinte écologique plus faible, mais aussi de mettre en place un nouveau type d’économie donnant droit au consommateur à réparer afin d’éviter la surconsommation et le gaspillage.

Table ronde 5 : les pratiques sportives (mouvement sportif, tourisme sportif)

A une autre échelle, les organisations sportives de tous niveaux peuvent s’adapter à la crise climatique et pousser à plus d’éco-responsabilité dans leur domaine. Des initiatives telles que la mise en place, par le CNOSF – premier comité olympique à avoir adopté un agenda 21 comprenant des mesures environnementales -, d’une plateforme renseignant les clubs sur les démarches à suivre en matière écologique vont, par exemple, dans ce sens. Les nettoyeurs subaquatiques, plongeant bénévolement dans le bassin d’Arcachon pour ramasser des déchets, s’inscrivent également dans cette démarche. Autant de sportifs engagés, intervenus à l’occasion de cette conférence.

Les perspectives européennes

Table ronde 6 : des actions et des politiques à l’échelle continentale pour un sport durable et éco-responsable

Plus que le seul secteur sportif, c’est aussi le rôle des décideurs politiques que d’encourager les changements. Demandant à ces derniers de s’appuyer « sur la force des citoyens sportifs de nature et leur sensibilité environnementale » pour impulser le changement, Benjamin Billet, chargé de mission au PRNSN, a relayé un message fort en cette fin de conférence. Pour répondre aux exigences du Pacte vert – à savoir, réduire les émissions de CO2 et donner les moyens à l’Europe de se préparer à investir dans la recherche et l’innovation -, il a en effet plaidé pour que les décideurs publics s’inspirent des initiatives européennes le plus intéressantes, quel que soit le secteur. Dans le domaine sportif alors, le projet Sustainability and Environmental Education in outdoor sports (SEE) a notamment été mis en avant, comme bon exemple de coopération et de collaboration à l’échelle européenne, pour une action rapide et concrète en matière environnementale.

Conclusion

Un appel entendu par Roxana Maracineanu, ministre chargée des Sports, qui a expliqué, à la fin des discussions, avoir entendu l’appel des différents acteurs et citoyens, et reconnu le besoin de soutenir, plus largement, le développement des politiques publiques sportives au niveau environnemental.

Source article publié le 19/04/2022 par le PRNSN Voir l’article