Auto assurance en descente (ROSSO Jean-Baptiste FFCAM)

Assurer quelqu’un dans une voie d’escalade ou s’auto-assurer en rappel sont des pratiques que tout grimpeur ou alpiniste intègre et systématise dès ses premiers pas dans la discipline.

La descente de canyon est parfois plus complexe, entre le risque de noyade consécutif à l’utilisation d’un système d’autoassurance pouvant entraîner un blocage lorsque l’on descend sous la chute d’eau, et la sensation de sécurité qu’on peut éprouver à la vue d’une vasque d’eau à l’arrivée.

Suite à plusieurs accidents qui auraient pu être évités par l’utilisation d’une assurance, un petit point sur le sujet s’impose. Pour un public débutant, pas vraiment de question à se poser : un assurage du haut permettra de gérer de manière efficace le risque de chute. On peut utiliser une seconde corde de deux fois la hauteur de la cascade, fixe d’un côté, un simple renvoi dans un mousqueton de l’autre, elle sera tenue par le cadre ; notre débutant n’ayant qu’à clipper sa longe dans la boucle ainsi formée qui l’accompagne durant toute la descente. A l’arrivée aucune action n’est requise, la corde sortira seule de la longe en la tirant du haut.

Si le groupe est plus expérimenté, on pourra imaginer un assurage du haut pour le premier, puis un assurage du bas pour le reste du groupe qui permet de gagner du temps. Chaque équipier devra alors tenir fermement la corde de descente et être prêt à bloquer la personne suivante si elle est en difficulté, en tirant de tout son poids dessus. Cette technique simple et rapide a ses limites puisque qu’au-delà d’une hauteur de 30m, il est impossible de bloquer efficacement quelqu’un, idem si le pied de la cascade ne s’y prête pas, vasques, etc. Dans certains cas et sur de grandes cascades il faudra donc envisager de revenir à un assurage du haut, ou que chaque équipier s’autoassure. Dans le cas d’un canyon sec ou si le risque de noyade est inexistant, l’auto-assurance s’impose comme la solution la plus simple et doit être systématique. Shunt ou Machard d’un diamètre recommandé de 7mm, de préférence assoupli par effet chaussette pour un meilleur blocage. S’il y a risque de noyade, votre choix devra se faire au cas par cas, suivant la configuration du terrain. Le danger se situe-t-il lors de la descente A l’arrivée ? Qu’en est-il du risque de chute ? Si le danger est de se retrouver coincé sur la corde, l’auto-assurance est à proscrire, et peut-être des techniques de descente plus élaborées sont à envisager, tel que le rappel guidé. Dans tous les cas, dès lors qu’on utilise une corde équipier), le risque de blocage sur corde consécutif à une difficulté au cours de la descente ou à l’utilisation d’un système d’auto-assurance est bien moins problématique. 

Pour terminer enfin, il est bon de rappeler qu’une corde neuve doit être trempée avant sa première utilisation pour éliminer les traces de lubrifiant de fabrication ; que l’efficacité des appareils de freinage et d’assurage est nettement réduite sur corde neuve et quelle doit être mouillée si possible au départ de chaque canyon. Que sur corde neuve l’utilisation d’un « Vertaco » ou tout autre moyen qui augmentera le frottement du descendeur sur la corde est impératif. Ces quelques rudiments techniques, utiles mais non exhaustifs pour une pratique en toute sécurité, vous inciteront je l’espère à approfondir via une formation fédérale.

Jean-Baptiste Rosso Moniteur Canyon de la CNC

Avec la collaboration de Gilbert Djurakdjian et Olivier Gola