QUI EST LE DESMAN ? (Life-Desman)

Le Desman des Pyrénées, de son nom latin Galemys pyrenaicus, est un petit mammifère nocturne aux mœurs semi-aquatiques. Sa principale curiosité vient du fait qu’il porte une trompe mobile et préhensible qui mesure près du quart de la longueur de son corps et qui est largement pourvue d’organes tactiles.

l se déplace dans l’eau et s’y nourrit de larves d’invertébrés benthiques (trichoptères, plécoptères et éphéméroptères essentiellement). Il gîte dans des cavités des berges.  En France, il vit dans les cours d’eau pyrénéens de bonne qualité, du niveau de la mer jusqu’à 2 700 m d’altitude. Son rythme d’activité majoritairement nocturne, sa discrétion, son stress en captivité et son habitat parfois difficilement accessible ont fortement contribué à sa méconnaissance. De nombreux éléments de sa biologie et de son écologie ne sont pas ou peu connus (description fine des habitats favorables à l’espèce, dynamique des populations, taux de survie, nombre, taille et sex ratio des portées, utilisation de l’espace, etc.).

Carte d’identité du Desman des Pyrénées :

Nom latin : Galemys pyrenaicus (Geoffroy, 1811) Classe : Mammifères Ordre : Insectivores Famille : Talpidae. Sous-famille : Desmaninae Sous-espèce : deux sous-espèces de Desman des Pyrénées sont distinguées : G. p. pyrenaicus (E. Geoffroy, 1811) et G. p. rufulus (Graells, 1897) sur la base de critères morphologiques. La première occuperait les Pyrénées, la seconde le reste de la péninsule ibérique. Illustration : Aire de répartition du Desman des Pyrénées

Le Desman des Pyrénées, petit mammifère insectivore, est endémique du quart nord-ouest de la péninsule ibérique et du massif pyrénéen.
En France, il est présent dans l’ensemble des départements pyrénéens (Pyrénées-Atlantiques, Hautes-Pyrénées, partie sud de la Haute-Garonne et de l’Ariège, partie sud de l’Aude et des Pyrénées-Orientales), ainsi qu’au niveau de presque tous les bassins hydrographiques pyrénéens où il peuple les cours d’eau et les lacs jusqu’à haute altitude (sa présence est notée jusqu’à 2700 m d’altitude). La limite inférieure est plus difficile à préciser : elle est proche du niveau de la mer au Pays Basque (15 m à Saint-Pé-sur-Nivelle) et remonte progressivement vers l’est où elle est exceptionnellement inférieure à 500 m dans l’Aude et les Pyrénées-Orientales. Seule la vallée de l’Orbieu sur le versant nord des Corbières fait exception avec un individu observé à partir de 300 m (observation ancienne).

Tous les spécialistes de l’espèce font le constat d’une fragmentation importante de son aire de répartition et de son déclin, sans pouvoir estimer l’importance du phénomène. Dans tous les cas, l’aire de répartition restreinte et la faible densité des population en font une espèce sensible.

Quelques éléments de morphologie de cette espèce très discrète…

Taille : 24 à 29 cm, dont plus de la moitié pour la queue.
Longueur de la trompe : 3 cm environ.
Poids : de 50 à 60 g pour les adultes.
Durée de vie : de 2 à 4 ans,

Le Desman des Pyrénées présente de nombreuses adaptations morphologiques, anatomiques et physiologiques lui permettant d’évoluer avec aisance dans l’eau :
un corps et une tête allongée,

  • une fourrure formée de deux couches de poils  : une couche interne composée d’un duvet serré et étanche et une couche externe constituée de longs poils de longueurs inégales. Cette caractéristique permet la formation d’une couche d’air isolante qui protège l’animal de l’eau et du froid.
  • ses pattes postérieures longues jouant un rôle important dans la nage. Elles sont très développées, avec de grands pieds dont les cinq doigts portent des griffes épaisses et sont reliés par une palmure complète.
  • une queue écailleuse, très longue, comprimée verticalement vers son extrémité où une rangée de poils favorise son effet de gouvernail.
  • une trompe mobile et préhensile qui mesure près du quart de la longueur de son corps (environ 2-3 cm). Cet appendice est, comme chez l’éléphant, le résultat de la coalescence des narines et de la lèvre supérieure. La trompe est largement pourvue d’organes tactiles et de vibrisses et joue un rôle sensoriel primordial.
  • des yeux minuscules et dissimulés sous la fourrure, comme ses oreilles qui sont totalement invisibles car sans pavillon.

Sa biologie et son écologie : que mange-t-il, où  vit-il… ?

Son régime alimentaire fait partie des éléments de sa biologie qui ont été les plus étudiés : il consomme essentiellement des larves d’invertébrés benthiques et rhéophiles (trichoptères, plécoptères et éphéméroptères). La distance de détection des proies semble faible (4 ou 5 cm), il les appréhende directement avec sa trompe sur le fond des cours d’eau. Ce régime alimentaire très spécialisé fait que le Desman est très sensible à toute modification du milieu (impact direct sur ses proies).

Son écologie est par contre mal connue : la description fine des habitats favorables à l’espèce ou son utilisation de l’espace sont en cours d’étude. Le Desman des Pyrénées semble inféodé aux cours d’eau pyrénéens de bonne qualité, du niveau de la mer jusqu’à 2 700 m d’altitude. Sa zone de présence est associée à celle de la truite. Il peut être observé ponctuellement dans des cours d’eau artificiels, des canaux d’irrigation méditerranéens, des biefs de moulins et des lacs naturels ou artificiels.

Actif toute l’année, le Desman est essentiellement nocturne et très discret.

Semi-aquatique, il gîte dans les cavités des berges et lorsqu’il doit se nourrir, se déplace dans l’eau pour rechercher des larves d’invertébrés. Le Desman dépose des fèces caractéristiques à l’état frais (petits tortillons à odeur musqué, aspect huileux, couleur vert foncé à noir, 10-15mm de long, 4-8 mm de large), sur des rochers ou morceaux de bois émergeant. Ces marquage pourraient avoir un rôle de communication entre individus ou de comportement territorial.

Sa reproduction, son espérance de vie ou la dynamique de ses populations sont, également, très mal connues. En France, l’activité sexuelle du mâle (rut) s’étale de novembre à mai et celle de la femelle de janvier à juin. Trois pics de gestation sont observés (février, mars et mai), sans que l’on puisse cependant conclure à l’existence de trois portées par an et par femelle. Le nombre d’embryons comptabilisés sur des femelles mortes varie de 1 à 5. L’allaitement des petits durerait environ 4 semaines et la maturité sexuelle serait acquises à 6 semaines. L’espérance de vie est de l’ordre de 2 à 4 ans.
Les jeunes de Desman n’ont jamais été observés dans la nature

Les gîtes qu’occupe le Desman sont des cavités de petit diamètre dans les berges, remplit avec des brindilles, des feuilles et de l’herbe.

STATUT DE PROTECTION

Protection nationale :

En France, le Desman des Pyrénées, ainsi que ses aires de repos et de reproduction, sont protégés au titre de l’article L. 411-1 du Code de l’Environnement par l’arrêté du 23 avril 2007 fixant la liste des mammifères terrestres protégés sur l’ensemble du territoire métropolitain et les modalités de leur protection (JORF n°108 du 10 mai 2007).
Cet arrêté interdit la destruction, la mutilation, la capture ou l’enlèvement, la perturbation intentionnelle des desmans des Pyrénées dans leur milieu naturel. Il interdit également de détruire, altérer ou dégrader ses sites de reproduction ou ses aires de repos, utilisés ou utilisables, et nécessaires au bon accomplissement de ses cycles biologiques.

Pour en savoir plus : http://www.legifrance.gouv.fr

Protection européenne :

Au niveau communautaire, il figure à l’annexe II de la Convention de Berne relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe et fait donc partie des espèces strictement protégées.

Pour en savoir plus : http://conventions.coe.int/Treaty/f…

Il est inscrit également aux annexes II et IV de la Directive 92/43/CEE du 21 mai 1992 modifiée par la directive 97/62/CEE concernant la conservation des habitats naturels ainsi que de la faune et de la flore sauvages .
L’annexe IV précise que les états membres doivent prendre toutes les mesures nécessaires à une protection stricte des dites espèces (interdiction de destruction, de dérangement durant les périodes de reproduction, de dépendance ou de migration, de détérioration de leurs habitats…).

L’annexe II dresse la liste des espèces d’intérêt communautaire dont la conservation nécessite la désignation de zones spéciales de conservation. À ce jour, 53 sites d’importance communautaire abritant le Desman des Pyrénées ont été proposés à la Commission européenne pour intégrer le réseau Natura 2000 sur le versant français pyrénéen. 11 de ces sites participent directement au projet LIFE+ Desman.

Pour en savoir plus : http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ…

Statut de conservation (Listes rouges UICN) :

En 2008, l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) mentionne le Desman des Pyrénées en tant que « Vulnérable » (VU) dans la liste rouge mondiale des espèces menacées de disparition.  
En 2017, il est également classé comme « Vulnérable » (VU) dans la liste rouge des mammifères de France métropolitaine.

Pour en savoir plus : www.uicn.fr

 

MENACES

Tous les spécialistes font le constat d’une fragmentation importante de son aire de répartition et de son déclin. La dégradation et l’altération de ses habitats et de ses proies en sont une des causes principales. Elles sont essentiellement liées aux activités humaines et notamment tout ce qui entraîne une perturbation des débits des cours d’eau et une modification du milieu (aménagements hydrauliques, destruction des berges, canyonisme, etc.). La destruction de l’espèce accidentellement (pêche, route) ou volontairement par manque de connaissance (piscicultures) constitue également une menace.

Ce constat de déclin et la répartition restreinte de l’espèce, donnent à la France une responsabilité forte pour sa conservation

Zoom sur les différents types de menaces

Photo : à venir

Légende : Destruction des berges (©Julien Vergne)

  • La modifications du milieu entrainant une destruction/limitation des gîtes potentiels du desman et/ou une diminution de ses proies.
    Elles sont liées, en particulier, aux activités et aux aménagements de l’homme dans ou à proximité des cours d’eau (destruction des berges, présence d’ouvrages hydroélectriques ou hydrauliques, bétonnage des rives, piétinement des cours d’eaux par des loisirs sportives concentrées, pollutions diverses…). Outre la destruction physique des gîtes et corridors pour l’espèce, ces activités peuvent entrainer une modification des conditions physico-chimques des cours d’eau, une modification de leurs profils, une variation brutale de débit… qui peuvent provoquer des modifications de la composition et de la productivité des peuplements d’invertébrés, proies du desman.
  • La destruction de spécimen volontaires (collectionneurs, pisciculteurs par manque de connaissance considérant le desman comme une menace de prédation), ou involontaires (lutte contre nuisibles, pratiques de pêche illicites, ….). A noter que certains petits aménagements en cours d’eau se révèlent être particulièrement mortels pour les desmans (prise d’eau agricole sans crépine, pièges à poissons, collisions…).
  • La compétition avec d’autres espèces : le Desman a un régime alimentaire proche de celui de plusieurs espèces (Truite, Cincle, Omble etc.). En cas de forte pression, comme un surcroît de ces espèces, le Desman peut voir sa ressource alimentaire se réduire. La prédation est à également à surveiller car les dégâts causés en Espagne par le Vison d’Amérique, non indigène, sont alarmants.
  • Des causes intrinsèques à l’espèce : l’espèce présente plusieurs parasites et pathogènes identifiés. Une stérilité chez les femelles a également pu être constatée.

Plus que sa destruction directe, la dégradation et l’altération des habitats du Desman des Pyrénées et de ses proies sont les causes principales du déclin de l’espèce.


 

Source : mise en lumière de la présentation du Desman des Pyrénées visible  sur le blog : www.desman-life.fr

 

Le desman des Pyrénées
Livret 1 état des connaissance
Conservatoire d’Espaces Naturels de Midi-Pyrénées
2020
Life-desman des Pyrénées
Programme de préservation
Conservatoire d’Espaces Naturels de Midi-Pyrénées
2020