Alerte pollution canyon de Riolan (commune d’aiglun)

Des poissons morts et une mousse abondante ont été observés depuis quelques jours dans le haut pays. Les analyses inquiétantes du Smiage ont poussé le maire à prendre un arrêté pour interdire l’accès à cette zone.

Après avoir été informé par des canyoneurs d’une présence anormale de mousse avec odeur de détergent, de bactéries d’origine fécale révélées par les analyses du SMIAGE, le constat de poisson mort, d’une eau trouble, d’algues vertes et brunes, l’accès à la clue du Riolan est interdit à tous les usagers, a partir du 7 septembre 2021, sauf autorisation spéciale, ainsi que l’Estéron depuis la confluence Riolan/Estéron jusqu’au vallon du vieux pont de Sigale sur la commune d’Aiglun.

En tant que Maire, responsable de la sécurité et de la salubrité publique sur la commune d’Aiglun, il est de mon devoir de préserver la santé des usagers et du milieu naturel. Nous avons sollicité les services de l’Etat, le Parc naturel régional des Préalpes d’Azur, les communes alentours, la fédération de pêche, la maison régionale de l’Eau, le SMIAGE, la gendarmerie de Roquestéron. En concertation avec l’équipe municipale, nous espérons que cette décision permettra de trouver rapidement la ou les source(s) de pollution. Il est urgent de faire de nouveaux prélèvements ciblés avant les futures crues. Par ailleurs, sachant que des activités aquatiques se déroulent dans la clue, il me semble important et nécessaire que des analyses de l’eau soient réalisées régulièrement chaque année. En outre, je demande également des études d’impact depuis que je suis élu. J’espère que cette requête sera enfin entendue pour que nos cours d’eau conservent leurs richesses biologiques, enjeu placé au-dessus de toute autre considération. Je suis profondément attristé devant le spectacle désœuvrant d’une rivière méconnaissable qui habituellement présente une eau limpide pleine de vie, d’espèces aussi fragiles que diverses. 

Autre source d’information

La clue du Riolan polluée, le maire d’Aiglun Anthony Salomone, demande l’intervention de l’Etat

Plusieurs jours après avoir fermé l’accès à la clue du Riolan, Anthony Salomone appelle l’État à repenser la gestion des cours d’eau en Estéron pour limiter les dégradations. Les résultats d’analyse sont arrivés mais il y avait, finalement, peu de doutes au regard de l’état dégradé de la clue du Riolan. Des canyoneurs avaient donné l’alerte la semaine dernière quant à la présence anormale de mousse dans la clue du Riolan. Le maire, Anthony Salomone, avait apporté lui-même des échantillons à faire analyser au Smiage, à Nice. Mais l’élu, très remonté, ne s’arrête pas là. Lors du dernier comité syndical du Parc naturel régional (PNR) des Préalpes d’Azur (dont fait partie Aiglun), Anthony Salomone a réclamé un moratoire sur la gestion des eaux « pour limiter au maximum les dégradations des milieux. La pollution dans le Riolan a révélé des lacunes sur la protection de nos cours d’eau. Pas de veille, manque de moyens, peu ou pas d’analyses de la qualité des eaux sur les affluents de l’Estéron, manque de lisibilité sur la réglementation locale… La clue est fréquentée par des canyoneurs mais il n’y a jamais eu d’étude d’impact sur les différentes activités. La plupart de ces problèmes sont connus depuis longtemps. L’État doit faire quelque chose. J’espère que le PNR pourra être le coordinateur des différentes actions » 

Trouver la source de la pollution 

Si les premières analyses indiquaient clairement la présence de matières fécales, les plus récentes ont montré une présence très élevée en phosphore total, classé « mauvais » selon la grille qualité du SEEE (Système d’évaluation de l’état des eaux).  À noter également la présence de détergents de type savon/nettoyant, expliquant les mousses, sans odeur particulière détectée par les laborantins. Si la priorité est donnée à la recherche de la source de la pollution, pas question pour le maire d’entrer dans une chasse aux sorcières. « L’idée n’est pas tant de mettre un nom ou de pointer du doigt quelqu’un mais surtout de régler le problème et de trouver des solutions adaptées à la gestion des cours d’eau. La clue du Riolan se jette dans l’Estéron, qui se jette dans le Var, qui se jette en Méditerranée… On est tous concerné », souligne Anthony Salomone. L’arrêté d’interdiction sera maintenu jusqu’à ce que les analyses d’eau ne présentent plus de signes de pollution.  Il n’y aura pas de démarches particulières concernant le nettoyage de la clue. En attendant un retour de la part des services de l’État, une attention sera portée sur la protection des bords de la rivière. La commune de Cuébris, à l’entrée de la clue, a également pris un arrêté d’interdiction d’accès.

 

Question de Mme ESTROSI SASSONE Dominique (Alpes-Maritimes – Les Républicains) publiée le 28/07/2022

Mme Dominique Estrosi Sassone interroge M. le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires sur la pollution de la clue du Riolan dans les Alpes-Maritimes et les conséquences de l’absence de contrôle sanitaire en eau vive.

En 2021, ce cours d’eau a fait l’objet d’une présence importante de mousse blanche constatée par des canyoneurs entraînant une légitime inquiétude quant à la présence d’éléments dangereux pour la santé.

Le maire de la commune d’Aiglun a fait réaliser des analyses de l’eau par le syndicat mixte pour les inondations, l’aménagement et la gestion de l’eau (SMIAGE) qui ont mis en exergue un pollution grave avec la présence de bactéries d’origine fécale et des produits chimiques.

Le maire a été obligé de prendre un arrêté pour interdire l’accès à la clue du Riolan à tous les usagers qu’ils soient baigneurs ou pratiquants de sports en eau vive.

Un important travail de concertation a été mené entre les communes d’Aiglun, Sigale et l’agence régionale de santé afin de pouvoir identifier des sites en eau vive fréquentés par les baigneurs pour y réaliser des contrôles dès cette saison estivale. Toutefois, le contrôle sanitaire de l’eau lors de la pratique des sports en eau vive soulève un vide juridique puisque qu’ils ne sont pas visés par la loi contrairement à la baignade dont les zones sont clairement définies par le code de la santé publique.

Elle souhaite donc savoir si le Gouvernement entend proposer une évolution de la législation afin de permettre aux maires de s’appuyer sur une réglementation précise pour protéger l’ensemble des pratiquants.

– page 3922

Transmise au Ministère de la santé et de la prévention

Réponse du Ministère auprès du ministre de la santé et de la prévention, chargé de l’organisation territoriale et des professions de santé publiée le 03/08/2022

Réponse apportée en séance publique le 02/08/2022

Mme la présidente. La parole est à Mme Dominique Estrosi Sassone, auteur de la question n° 089, transmise à M. le ministre de la santé et de la prévention.

Mme Dominique Estrosi Sassone. Madame la ministre, ma question porte sur la pollution de la clue du Riolan dans les Alpes-Maritimes et sur les conséquences de l’absence de contrôle sanitaire en eau vive.

En 2021, une présence importante de mousse blanche a été constatée dans ce cours d’eau par des adeptes du canyoning, entraînant une légitime inquiétude de leur part quant à la présence d’éléments dangereux pour la santé.

Le maire de la commune d’Aiglun a fait réaliser des analyses par le syndicat mixte pour les inondations, l’aménagement et la gestion de l’eau (Smiage) des Alpes-Maritimes, analyses qui ont révélé une pollution grave, due à la présence de bactéries d’origine fécale et de produits chimiques.

Le maire a donc été obligé de prendre un arrêté pour interdire l’accès à la clue du Riolan à tous les usagers, qu’ils soient baigneurs ou pratiquants de sports en eau vive.

Un important travail de concertation a été mené en parallèle par les communes d’Aiglun, de Sigale et l’agence régionale de santé, afin d’identifier les sites en eau vive fréquentés par les baigneurs et y réaliser des contrôles dès cet été.

Toutefois, le contrôle de l’eau lors de la pratique des sports en eau vive fait manifestement l’objet d’un vide juridique, puisque ceux-ci ne sont pas visés précisément par la réglementation en vigueur, contrairement à la baignade dont les zones sont clairement définies par le code de la santé publique.

Madame la ministre, ma question est simple : entendez-vous proposer rapidement une évolution des règles en vigueur, afin de permettre aux maires de s’appuyer sur des normes précises pour protéger l’ensemble des populations qui ignorent les risques encourus ?

Mme la présidente. La parole est à Mme la ministre déléguée.

Mme Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée auprès du ministre de la santé et de la prévention, chargée de l’organisation territoriale et des professions de santé. Madame la sénatrice Dominique Estrosi Sassone, les sites de loisirs aquatiques sans activité de baignade, dans lesquels peuvent être pratiqués des sports d’eau vive, n’entrent pas dans le champ d’application de la réglementation relative aux eaux de baignade figurant aux articles L. 1332-1 et suivants du code de la santé publique.

En effet, cette réglementation issue d’une transposition en droit national de la directive 2006/7/CE du Parlement européen et du Conseil du 15 février 2006 concernant la gestion de la qualité des eaux de baignade et abrogeant la directive 76/160/CEE concerne les seules eaux de baignade, définies comme toute partie des eaux de surface dans laquelle l’autorité compétente s’attend à ce qu’un grand nombre de personnes se baignent et dans laquelle elle n’a pas interdit ou déconseillé la baignade de façon permanente.

Des travaux de révision de cette directive sont en cours au niveau européen : l’opportunité d’étendre ce champ d’application à l’ensemble des zones de loisirs aquatiques doit normalement être discutée dans ce cadre.

Une première proposition de nouvelle directive de la Commission européenne est attendue dès 2023 et pourrait faire évoluer la réglementation applicable en la matière dans les prochaines années. En attendant l’issue de ces travaux, il faut rappeler qu’il n’existe pas de réglementation sanitaire spécifique aux zones de loisirs nautiques sans activité de baignade.

Les ARS ne sont ainsi pas compétentes pour mettre en œuvre un contrôle sanitaire sur de tels sites. En revanche, elles le sont pour accompagner les acteurs locaux dans la caractérisation et l’évaluation de potentiels risques sanitaires, ainsi que la définition des mesures de gestion, y compris des recommandations sanitaires à mettre en œuvre pour la protection du public.

Si un risque pour la santé des personnes a été mis en évidence, des mesures de restriction et d’interdiction des sites peuvent être prononcées sur le fondement des pouvoirs de police municipale et de police préfectorale.

Enfin, pour rappel, les communes ont également un rôle important à jouer dans l’identification des eaux de baignade de leurs territoires respectifs, puisqu’elles doivent assurer, au titre de l’article L. 1332-1 du code de la santé publique, le recensement annuel de toutes les eaux de baignade, aménagée ou non, et la participation du public à cet exercice.

Mme la présidente. Votre temps de parole est écoulé, madame la ministre déléguée !

Mme Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée. En tout état de cause, les personnels de l’ARS…

Mme la présidente. Merci !

Mme Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée. … demeurent bien entendu disponibles pour accompagner les élus.

Mme la présidente. La parole est à Mme Dominique Estrosi Sassone, pour la réplique.

Mme Dominique Estrosi Sassone. Je vous remercie de ces précisions, madame la ministre.

J’entends bien que les maires devront encore patienter un certain temps, jusqu’en 2023 manifestement, pour que la réglementation évolue. En attendant, ils font ce qu’ils peuvent et sont de plus en plus désemparés. Il est exact de dire que l’ARS apporte son soutien aux maires de ma région, mais celui-ci n’est pas suffisant : les élus manquent toujours de moyens, matériels et humains, pour que la clue du Riolan soit praticable en toute sécurité.

Mme la présidente. Il faut conclure, ma chère collègue.

Mme Dominique Estrosi Sassone. Alors que la saison estivale est déjà bien entamée,…

Mme la présidente. C’est fini !

Mme Dominique Estrosi Sassone. … ils sont encore confrontés à de graves difficultés.

 

– page 2994