Pierre Minvielle : pionnier du canyoning

Il fut l’un des premiers Français, dans les années cinquante, à s’aventurer dans les barrancos de la Sierra de Guara, et à inventer la pratique du canyoning. Il compte à son actif plus de 100 kilomètres d’exploration de canyons.

Pierre Minvielle a quinze ans, en 1950 , lorsqu’il part en vacances avec ses parents en Sierra de Guara pour la première fois. Visiter le barranco Mascun et partir sur les pas du pyrénéiste Alfonse Lequeutre, qui près d’un siècle plus tôt en avait décrit les merveilles, représentait pour son père, Paul Minvielle, la concrétisation d’un rêve. Et pour l’adolescent, subjugué par la beauté des lieux, c’est le coup de foudre. « J’ai reçu ce monde hors du temps comme une gifle » écrit-il dans son ouvrage, La Sierra oubliée. Pierre décrit l’insolite, le pittoresque de ce bout du monde, la stupéfaction des gens qui n’avaient jamais vu de touristes, les rencontres.

« Nous y sommes retournés à la Pentecôte de la même année, se souvient-il. Nous nous sommes aventurés dans la partie facile du Mascun, et avons trouvé un passage jusqu’au Mascun Moyen, où les locaux faisaient jadis du charbon de bois. » Le père Minvielle publiera au retour un topo de leur découverte dans la revue du Club alpin français. Son fils ne s’arrêtera pas là.

Pierre Minvielle y retourne plusieurs fois avec des amis . Le canyoning consiste, à l’époque, à remonter les canyons et non à les descendre, faute d’équipement adéquat. Les hommes n’ont alors ni corde ni combinaison néoprène.

En 1956, Pierre repart explorer le Mascun supérieur avec une équipe de spéléologues confirmés, membres de la Fédération française de Spéléologie. Au pied d’une ultime cascade, un surplomb haut comme une maison de cinq étages leur barre la route . « Nous avons eu l’idée d’utiliser un mât haubané. Trois mètres de tubes de chaudière sur lesquels on a fixé une échelle de spéléo. Nous y sommes retournés de nuit quand le débit d’eau était moins fort. »

Pierre se hisse le premier le long du mât. À peine a-t-il le temps de s’agripper à une prise naturelle que la structure, déstabilisée, s’effondre. Il parvient à escalader jusqu’en haut de la cascade, et se débrouille pour sortir par le haut du canyon, qu’il avait déjà exploré.

Puis il enchaîne les ouvertures : le canyon de Barcez, la partie supérieure de Gorgas Negras, Formiga, Guatizalema, Salto de Roldan… Et l’enchaînement des quatre canyons du rio Vero dans la journée. Un exploit qui suscitera la fête à Alquezar toute une nuit ! Lorsqu’en descendant le Vero, Pierre Minvielle y découvre des peintures rupestres sur les parois, aujourd’hui classées à l’Unesco, celles-ci suscitent son attention. Il abandonne le canyoning, relayé par d’autres, pour se consacrer entièrement à l’art schématique. Une passion qui le conduira aux quatre coins du monde. Il n’en reste pas moins que Pierre Minvielle est bien le précurseur en matière de découverte de canyons en Sierra de Guara, avec plus de 100 kilomètres d’exploration à son actif.

Ce qu’il retient de ses escapades, outre ses aventures dans l’inconnu des entrailles de la terre, ce sont les paysages, les villages aux maisons de pierre, et leurs habitants qui « à l’époque vivaient dans la misère, car les villages souffraient de l’exode rural. J’ai voulu faire connaître ce patrimoine qu’étaient les canyons. J’ai trop bien réussi… Aujourd’hui il y a trop de monde , et le canyoning ne se pratique plus dans l’esprit de découverte d’autrefois. »

Source : article réalisé par Laurence FLEURY et publié le 6 janvier 2012 par la République des Pyrénées 

Voir l’article publié par la Republique des Pyrenees

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