Le retour des tiques (HORDE Nicolas)

Nous pratiquons une activité de pleine nature qui potentiellement nous expose au risque de contracter la maladie de Lyme ou borréliose de Lyme.

 Le moindre doute concernant cette maladie doit conduire à contacter un médecin compétent, celui-ci doit évaluer le contexte clinique et procéder à une sérologie au minimum 6 semaines après la morsure de tique (ou d’un autre arthropode hématophage). La sérologie n’est pas fiable, aussi si vous avez des symptômes neurologiques, contactez une association de malade (France Lyme ou Lyme sans frontière) afin d’être dirigé vers un médecin « Lyme » (beaucoup de médecins ne sont pas compétents ou refusent la prise en charge). Depuis plusieurs mois, le nombre de cas dans mon entourage a littéralement explosé. Le diagnostic est bien souvent le résultat d’une auto-évaluation à l’issue d’une errance médicale, corroborée ensuite par des tests réalisés à l’étranger (ELISPOT en Allemagne car les tests français sont largement inefficaces). Le problème est que la quasi totalité de ces nouveaux cas sont détectés en phase tardive de la maladie avec des complications graves comportant un risque mortel. Aussi je renvoie ce message en espérant capter toute votre attention…et j’espère vivement ne pas être informé de nouveaux cas assortis de sombres pronostics !


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BORRELIOSE DE LYME, QUOI QU’EST-CE ?

UnknownLa maladie de Lyme ou borréliose de Lyme est une zoonose émergeante causée par des bactéries appelées borrélies dont le vecteur principal est la tique. Elle est surnommée « la grande imitatrice » par certains docteurs : c’est une maladie multi-systémique et multi-viscérale qui revêt un caractère polymorphique et qui recouvre une grande multiplicité de symptômes. Elle est encore très mal connue et surtout sous-estimée par la majorité du corps médical en terme d’impact tout autant que dans sa gravité (maladie considérée rare).

La Borréliose se présente sous deux formes :

– Une forme aiguë où la maladie n’est pas installée profondément dans l’organisme. Non traitée ou mal traitée, la maladie s’installe de façon chronique.

– Une forme chronique dont la progression peut s’étaler sur plusieurs dizaines d’années. Dans cette forme, la maladie contourne l’immunité de l’hôte et l’affaiblit en créant une immunosuppression concernant plus particulièrement une sous population lymphocytaire (cluster de différenciation CD3-CD57+). La borréliose chronique est une maladie inflammatoire qui provoque des complications pouvant entrainer la mort si elle n’est pas prise en charge correctement.

COMMENT ON L’ATTRAPE ?

Lors d’une piqûre de tique porteuse de la borréliose (10% de porteuses en 1980, 80% en 2015), la bactérie migre de l’intestin de la tique vers l’hôte. Ensuite elle pénètre dans l’organisme, puis se dissémine par le biais de la circulation sanguine. Plus la tique reste longtemps « accrochée », plus le risque de contracter la maladie augmente (on parle de 24h minimum). Seulement 50% des malades se souviennent d’une piqûre de tique, et les nymphes qui sont plus souvent infectées sont les plus petites.

SYMPTÔMES

  • Fièvres, bouffées de chaleurs, frissons ou sudations inexpliqués
  • Changements de poids inexpliqués (perte ou gain)
  • Fatigue, épuisement
  • Pertes de cheveux inexpliquées
  • Ganglions enflés
  • Mal de gorge
  • Douleur testiculaire ou dans la région pelvienne
  • Cycle menstruel irrégulier et inexpliqué
  • Douleurs à la poitrine, production de lait inexpliquée
  • Vessie irritable ou dysfonction de la vessie
  • Dysfonction sexuelle ou perte de libido
  • Estomac dérangé (maux d’estomac)
  • Changements au niveau des intestins : constipation ou diarrhée
  • Douleurs thoraciques ou douleurs aux côtes
  • Souffle court ou toux
  • Palpitations cardiaques, arythmies, blocs cardiaques
  • Murmure cardiaque ou prolapse valvulaire
  • Douleurs aux articulations ou enflure
  • Raideurs au cou ou dans le dos
  • Douleurs musculaires ou crampes
  • Contractions spontanées dans le visage ou autres muscles
  • Maux de tête
  • Craquements au niveau du cou ou raideurs
  • Picotements, engourdissements, sensations de brûlure, douleurs lancinantes (coups de couteau)
  • Paralysie faciale (paralysie de Bell)
  • Vision double ou floue
  • Bourdonnements, tintements (sonneries) ou douleurs dans les oreilles
  • Aggravation du mal des transports, vertiges
  • Étourdissements, mauvais équilibre, difficultés à marcher
  • Tremblements
  • Confusion, difficultés à penser/ à réfléchir
  • Difficultés à se concentrer ou à lire
  • Oublis, mémoire à court-terme déficiente
  • Désorientation, se perdre, se rendre au mauvais endroit
  • Difficultés de langage ou d’écriture
  • Sauts d’humeur, irritabilité, dépression
  • Troubles du sommeil : trop, pas assez, réveil se fait très tôt
  • manifestations cutanés (erythème migrant)
  • Les symptômes sont exacerbés par la consommation d’alcool, pires gueules de bois

DIAGNOSTIC

En France, un test à deux paliers basé sur une sérologie Elisa et un test d’immuno-empreinte par Western Blot (pour confirmation) est normalement prescrit par votre médecin en cas de doute : apparition de symptômes évocateurs de la maladie ou d’une piqûre de tique. Cependant la clinique est souveraine dans le diagnostic de cette maladie. L’érythème migrant qui est un genre de tâche/auréole rosée qui se déplace sur le corps en partant du point de piqûre est une manifestation cutanée spécifique de la maladie mais elle n’apparaît que dans 40% des cas.

PROBLEMATIQUES

La maladie de Lyme est reconnue par le corps médical mais uniquement dans sa forme aigue. La forme chronique est l’objet d’un déni pur et simple de la majorité du corps médical. Certains médecins acceptent cependant son existence mais pensent que c’est un forme très peu répandue de la maladie, or la mauvaise prise en charge (ou prise en charge tardive) d’une borréliose conduit irrémédiablement vers la forme chronique de la maladie. La littérature médicale parle du syndrome post-Lyme qui serait un ensemble de symptômes d’origine psychologique ou alors des manifestations ayant pour origine le décours de la maladie. Les tests sérologiques et immuno-empreinte interprètent une réponse humorale de l’immunité, immunité qui peut être défaillante lors d’une borréliose de Lyme chronique. Ainsi les tests réalisés en France sont relativement fiables pour déceler une borréliose en phase I (à partir de 6 semaines) ou en phase II, mais ils sont totalement inopérants pour mettre en évidence la phase tardive (III) de la maladie. Il ne faut donc absolument pas se fier à la seule sérologie, qui peut être tout au plus (en l’état) un indicateur supplémentaire. La neuroborréliose qui est une borréliose qui s’attaque préférentiellement au système nerveux est très mal diagnostiquée car issue d’une souche de Borrelia burgdorferi découverte plus récemment (garinii). La plupart des médecins ne connaissent que l’arthrite de Lyme induite par la bactérie Borrelia burgdorferi stricto sensus et pensent qu’un patient doit impérativement avoir des douleurs aux articulations pour être malade ! Il existerait du lobbying de la part de laboratoires pharmaceutiques afin d’éviter la reconnaissance de la maladie de Lyme. Cette maladie non traitée provoque de terribles douleurs neurologiques qui conduisent les malades à prendre de nombreux traitements afin d’effacer leurs douleurs neuropathiques. Il faut savoir que les laboratoires participent à la formation des médecins par le biais d’actions de formations continues. Le manque de formation induit un très mauvais diagnostic de la maladie. La borréliose de Lyme qui est une infection très complexe n’est pas suffisamment enseignée dans le cursus des étudiants de médecine. Beaucoup de médecins pensent que l’érythème migrant doit être présent afin d’affirmer que le patient est malade. Il est donc très facile pour un médecin non formé de passer à côté de symptômes discrets qui vont insidieusement conduire à une maladie progressivement débilitante. Il faut savoir que les tests sérologiques ne deviendront positifs que 4 à 6 semaines après la morsure de tique ce qui induit ici encore de faux négatifs.

Par méconnaissance de la maladie, on néglige bien souvent les co-infections. Les co-infections sont véhiculées lors de la morsure de la tique, il s’agit d’autres bactéries, virus ou parasites qui sont aussi présent dans l’intestin de celle-ci. La moitié des morsures conduise à développer une co-infection telle que : ehrlichiose, bartonellose, rickettsiose, babésiose, cytomégalovirus, virus Epstein-Barr, candidoses…etc. D’autre part dans le cas d’une borréliose chronique où le système immunitaire est affaibli, des infections opportunistes s’installent. Il est important de noter que les co-infections ont des effets synergiques entre elles rendant encore plus difficile le diagnostic par l’apparation de nouveaux symptômes.

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De nombreuses publications scientifiques semblent indiquer l’existence de nombreux autres vecteurs :

  • autres insectes hématophages (moustiques, poux, taons, etc…),
  • transfusion sanguine (les spirochètes survivent 6 semaines dans le sang dans des conditions difficiles),
  • materno-fœtale (par le placenta infecté),
  • sexuelle (une étude américaine montre la présence de spirochètes dans les sécrétions sexuelles et une autre montre qu’une même souche/ADN est passée d’un partenaire sexuel à l’autre).

Ces autres vecteurs ne sont pas absolument reconnus par les autorités sanitaires.

images-1La borréliose de Lyme est une infection discrète sur le plan biologique, très peu de marqueurs sont influencés par l’activité de la bactérie et lorsque celle-ci devient manifeste : il est trop tard et le malade n’a plus que quelques mois à vivre. Les médecins ne sont pas assez à l’écoute des patients et négligent bien souvent les manifestations neurologiques en arguant que celles-ci sont d’origine psychosomatique. Les patients sont orientés vers des traitements anxiolytiques sans aucune vérification de causes neurologiques éventuelles. A l’instar de la syphilis (maladie vénérienne, autrefois mortelle, due à une infection par le tréponème pâle, une autre spirochétose), la maladie se développe sur plusieurs décades et son évolution peut parfois passer inaperçue durant de nombreuses années.

Depuis le consensus de 2006, les lignes directrices thérapeutiques imposent aux médecins de donner au maximum 30 jours d’antibiotique pour guérir la maladie de Lyme. C’est une durée extrêmement insuffisante pour les maladies de Lyme dites chroniques, à en croire toutes publications scientifiques récentes. Cependant une fois l’antibiothérapie terminée, le praticien refusera dans la majorité des cas de renouveler le traitement ou de continuer la prise en charge pour une maladie de Lyme. Il faut savoir que la maladie en phase tertiaire peut très rapidement devenir incurable avec les moyens médicaux actuels.

CONSEQUENCES

Les autorités prennent cette maladie à la légère, les médecins ne sont pas suffisamment informés mais aussi les promeneurs qui traversent des zones infestées de tiques non matérialisées par des pancartes. On ne sensibilise pas assez les gens sur les conduites à tenir lors d’une promenade en forêt (répulsifs, habits, vérifications). Le nombre de cas de borréliose de Lyme augmente depuis des années, la plupart de ces borrélioses aigue passent à travers les diagnostics effectués par les médecins et conduisent vers des borrélioses chroniques qui aujourd’hui dans la majorité des cas demeurent incurables. On assiste donc aujourd’hui à une explosion de plusieurs maladies à composantes neurologiques qui pourraient parfaitement revêtir des borrélioses de Lyme mal diagnostiquées :

  • Alzheimer
  • Arthrite
  • Maladie de Crohn
  • Maladie de Parkinson
  • Sclérose en plaques
  • Dépression
  • Syndrome de fatigue chronique
  • Fibromyalgie
  • Lupus
  • Sclérose latérale amyotrophique
  • Troubles psychiatriques ou psychologiques
  • Autisme : certains cas pourraient en plus être dus à un Lyme congénital.

PLUS CONCRETEMENT !

Si vous êtes atteint d’une maladie de Lyme :

  • votre médecin traitant refusera de vous donner des arrêts maladies car vous n’êtes pas/plus malade (30 j d’antibiotique ou diagnostic défaillant),
  • votre infectiologue niera farouchement l’existence d’une forme chronique de la maladie,
  • aucun traitement antibiotique ou naturel supérieur à 30 jours ne vous sera prescrit et la thérapie sera donc intégralement à vos frais (de l’ordre de 300 à 600 euros par mois selon la gravité),
  • vous serez contraint de faire du sur-présentéisme sur votre lieu de travail et vous irez travailler malade,
  • vous finirez par limiter votre cercle social à cause de l’incompréhension de votre entourage essentiellement due à la non reconnaissance de votre maladie,
  • vous allez mourir progressivement en tout ignorance et ce en passant parfois par la case fauteuil roulant.

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ET AILLEURS ?

Aux USA, la maladie de Lyme a été l’objet d’un déni jusqu’en 2015 où la loi a mis fin à des conflits d’intérêts entre les laboratoires, les caisses d’assurances et les médecins. La forme chronique est dorénavant reconnue et prise en charge. Les antibiotiques peuvent être prescrits jusqu’à disparition des symptômes et les médecins ayant fait l’objet de sanctions disciplinaires en ayant prescrit des traitements ont été réhabilités. Durant le déni, les malades déclarés représentaient 30 000 cas par an, aujourd’hui 900 000 cas sont officiellement reconnus. Les documents français issus du consensus de 2006 sont une quasi traduction des documents américains qui sont aujourd’hui devenus caduques. Quelle véracité peut-on accorder à ces recommandations qui font foi en France dans le traitement de la borréliose de Lyme ??

Au Canada, une loi est passée pour mettre fin au déni, conduisant aux mêmes résultats qu’aux USA.

En Allemagne, quelques Lander ont une liberté thérapeutique où les médecins peuvent prescrire des traitements mais le pays est encore sujet à une forme de déni de la part des autorités.

PREVENTION

En forêt il faut porter des manches longues, et des chaussettes qui recouvrent le pantalon et une casquette ne serait pas de trop…Il convient d’éviter de se coucher ou de s’asseoir dans des zones avec de grandes herbes ou dans des zones humides et luxuriantes. Pourquoi pas utiliser du répulsif…difficile d’en connaître la réelle efficacité.

Et en cas de piqûre, il faut retirer le tique avec son rostre par le biais d’un tire-tique et passer des huiles essentielles (cf le net) juste après la piqûre sur la zone et durant quelques jours.

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voir également :

lire également : Un plan de lutte contre la maladie de Lyme

lire également : Comment expliquer l’augmentation des tiques en France ?

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Maladie de Lyme : un plan d’action national présenté aux associations en septembre 2016

Les associations de lutte contre la maladie de Lyme ont été de nouveau reçues aujourd’hui au ministère des Affaires sociales et de la Santé pour évoquer les avancées de la lutte contre la maladie de Lyme, dans la continuité des échanges initiés sur le sujet depuis plusieurs mois. Au cours de cette réunion, les représentants du ministère ont annoncé qu’un plan d’action national contre la maladie de Lyme serait présenté aux associations en septembre 2016 pour renforcer la prévention de la maladie, consolider son diagnostic, améliorer la prise en charge des personnes qui en sont atteintes et associer l’ensemble des parties prenantes dans ce combat.

Ce plan s’inscrit dans la continuité des actions engagées, depuis 2014, pour renforcer les outils de lutte contre cette maladie, sur la base du rapport « Mieux connaître la borréliose de Lyme pour mieux la prévenir » du Haut conseil de santé publique (HSCP) :

  • pour améliorer la détection, une évaluation des tests de dépistage a été conduite par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), une formation des biologistes a été assurée pour faciliter l’interprétation des résultats et les notices des tests de dépistage ont été actualisées ;
  • pour améliorer la prévention, l’information du grand public, des médecins et des pharmaciens a été renforcée, à travers des documents dédiés disponibles sur le site Internet du ministère ; la loi de modernisation de notre système de santé permet en outre la mise en œuvre d’actions de sensibilisation du grand public et des professionnels de santé dans le cadre des projets régionaux de santé ;
  • pour améliorer nos connaissances sur cette maladie et sa prise en charge, de nouvelles recherches ont été engagées par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et l’Alliance des sciences du vivant (Aviesan).

En parallèle, le ministère saisira dans les tout prochains jours la Haute Autorité de Santé (HAS) pour qu’elle mette à jour ses recommandations sur le traitement des formes avancées de la maladie. Le ministère réaffirme ainsi son engagement pour une pleine reconnaissance de la maladie de Lyme et la mise en œuvre d’actions renforcées en faveur de la prévention, du dépistage et de la prise en charge des malades.

RAPPEL

La maladie de Lyme est une infection due à une bactérie transportée par une tique qui peut transmettre la bactérie au moment d’une piqûre. On estime qu’environ 27 000 personnes sont touchées chaque année par cette maladie en France. Pour plus d’informations sur la prévention, le dépistage et la prise en charge de cette maladie, vous pouvez consulter le dossier dédié disponible sur le site Internet du ministère.

Une information plus détaillée, en fonction des publics, est proposée sur Santé Publique France :

En savoir plus
Dossier « Maladie de lyme »