La journée de canyoning tourne au drame

De nombreux secours ont dû intervenir, samedi et hier, pour sortir les corps de deux jeunes amateurs de descente de torrents, un homme et une femme, qui se sont noyés en Savoie.

Il était environ 18 h 30, hier, lorsque les sauveteurs ont enfin réussi à repêcher le corps du deuxième pratiquant de canyoning, retrouvé mort noyé dans la rivière le Nand de Bellecombe (Savoie). Pierre-Loïc Girardin, 21 ans, originaire d’Aix-les-Bains, gisait depuis samedi après-midi à près de trois mètres de profondeur, coincé sous une souche d’arbre au milieu d’un siphon. La veille au soir, les équipes de secours en montagne des pompiers du Châtelard, d’Aix-les-Bains et de Chambéry avaient réussi à hisser son amie, Maureen Vaysse, 18 ans, elle aussi décédée. Mais face au fort débit d’eau de la rivière et la dégradation des conditions météorologiques de ce dimanche, une nouvelle intervention n’a pu être possible que près de vingt-quatre heures plus tard.

Une site jugé « facile » mais pas « sans danger »

C’est un randonneur rompu aux pratiques de la spéléologie qui a découvert, samedi, le corps de la jeune fille flottant à la surface de l’eau, une vingtaine de mètres sous le pont du Diable. Situé au coeur du parc régional des Bauges, l’endroit est bien connu des amateurs de descente en rappel. Il comprend deux larges parois lisses et très étroites, qui s’enfoncent vers le torrent bouillonnant. Qualifié de « facile » par les grimpeurs expérimentés, « il n’est cependant pas sans danger, explique Michael Barret, chargé d’études sur le canyoning pour le parc. Sur les 200 mètres du parcours, deux passages sont très techniques. Notamment une marche d’une douzaine de mètres de haut que l’on peut soit sauter soit franchir en rappel. » C’est précisément à cet endroit, large d’une quarantaine de centimètres, que le corps de Pierre-Loïc Girardin a été retrouvé. Personne ne sait encore quelle option le jeune homme avait choisie. Les enquêteurs pensent que « l’un des deux s’est trouvé en difficulté et l’autre aura voulu l’aider ». Les jeunes gens ont péri dans une eau qui atteint à peine 10 o C en cette saison. Sur place, c’est la consternation. Toute la journée, les équipes de secours ont tenté des reconnaissances en rappel pour vérifier si le niveau d’eau avait baissé. « Mais même si la décrue semblait s’amorcer, confiait l’un des sauveteurs, nous ne pouvions pas mettre en danger la vie de nos hommes. Depuis hier, c’est le risque zéro qui prime ! » Il aura finalement fallu attendre la fin de l’après-midi pour que deux pompiers parviennent à atteindre le corps et le remontent à l’aide du treuil d’un véhicule de secours. La commune de Bellecombe-en-Bauges n’avait encore jamais connu un tel accident. Au mois de juillet dernier, un groupe de descendeurs s’était pourtant trouvé en difficulté sur le même cours d’eau. L’un d’entre eux, épuisé, avait dû être remonté dans des conditions similaires. Mais peut-être plus enclin à ce genre de pratique, il était parvenu auparavant à se dégager de l’énorme masse d’eau en plongeant au plus profond, là où les courants sont moins importants. Toutes les précautions d’usage semblent avoir été prises par les responsables du parc pour signaler la dangerosité du lieu « qui compte près de 80 pratiquants chaque week-end d’été ». A l’entrée du pont du Diable, un panneau précise : « Attention, le canyon est extrêmement étroit, le niveau d’eau peut monter brusquement et aucune échappatoire n’est possible. » Un conseil de prudence dont auront peut-être fait fi les deux jeunes pratiquants. BELLECOMBE-EN-BAUGES, HIER. Les pompiers tentent de dégager des eaux le corps de Pierre-Loïc Girardin, originaire d’Aix-les-Bains, tout comme son amie Maureen Vaysse, retrouvée morte la veille.

Source : article réalisé par Laurent GRUAZ et publié le 17 septembre 2001 par Le Parisien Voir l’article du Parisien