Deux vacanciers meurent dans les gorges de la Daluis (Jean-Marc Ducos et Sébastien Mansour) 

Alors qu’ils effectuaient une promenade dans un canyon de l’arrière-pays niçois, deux vacanciers originaires de la Sarthe sont morts noyés. Ils ont été emportés par une brusque montée des eaux dues à un orage. 

MALGRE une météo défavorable, cinq vacanciers ont entrepris mercredi de descendre un canyon de l’arrière-pays niçois, dans les gorges de la Daluis, non loin de Guillaumes (Alpes-Maritimes. Deux d’entre eux, originaires de la Sarthe, sont morts noyés dans l’après-midi. Ils ont été emportés par une vague de crue provoquée par un violent orage, projetant leurs corps 80 m en contrebas du canyon réputé dangereux. Leur accompagnateur a été placé en garde à vue. Ce guide, titulaire d’un brevet d’Etat d’escalade, sera déféré ce matin au parquet de Nice et devrait être mis en examen. Une information judiciaire pour homicide par imprudence sera ouverte.

Les cinq participants à cette équipée avaient l’habitude de se retrouver tous les étés au camping municipal d’Annot (Alpes-de-Haute-Provence) et de partir à l’assaut des cascades nombreuses dans la région. Mercredi, avec leur guide, originaire du Sud-Ouest, ils ont envisagé de descendre la clue d’Amen dans les gorges de la Daluis, un affluent du Var. Selon les premiers éléments de l’enquête, le groupe est parti vers 9 h 30 pour une marche d’approche de plus de deux heures afin d’atteindre ce passage, un étroit corridor vite submersible. Il y est parvenu vers midi, avant de débuter la descente dans les eaux. Vers 16 heures, une vague a submergé le torrent après un orage violent dans une zone très perméable où la roche, du schiste rouge, n’absorbe rien. Deux des randonneurs n’étaient pas arrimés à la paroi au moment de l’arrivée de la vague et ont été emportés. Les quatre autres n’ont dû leur survie qu’à leur baudrier correctement fixé.

C’est un ami du guide, inquiet de ne pas voir revenir le groupe, qui a alerté la gendarmerie de Guillaumes en fin de journée. Sur place, les militaires ont fait le guet, attendant la sortie du groupe au débouché du canyon. Mais en voyant les flots tumultueux, ils ont eux-mêmes alerté les sauveteurs CRS-Montagne. Ces derniers ont récupéré deux corps sans vie, l’un au pied de la cascade et l’autre 300 m plus loin dans le Var.

« Hélitreuillé, le secouriste a risqué sa vie pour aller chercher les survivants »

« Cet endroit est dangereux et il ne faut pas s’y aventurer lorsque l’orage menace, prévient un guide, spécialiste de la région. Vous pouvez vous croire en sécurité, car il peut faire beau dans la cascade, mais, si un orage éclate plus haut, au col de la Cayolle, c’est un mur d’eau qui va vous tomber sur la tête. Il semble bien que ce groupe soit parti bien trop tard dans la matinée »

Il a fallu un hélicoptère pour treuiller les quatre rescapés restés coincés contre la paroi. Une opération difficile car le site est inaccessible et invisible pour le pilote. « Il y avait un surplomb et le secouriste au bout du câble a risqué sa vie pour aller chercher les survivants », expliquent les CRS du secours en montagne.

Les circonstances d’organisation de cette randonnée restent floues : les horaires de départ, la durée de la marche d’approche, l’heure de l’accident ne sont pas connues avec certitude. Seules des estimations ont été fournies par l’accompagnateur. Un bulletin météo indiquait bien le risque d’orages en fin de matinée ou dans l’après-midi.

Source : article réalisé par Jean-Marc Ducos (avec Sébastien Mansour) et publié le 14 juillet 2006 dans le Parisien Voir l’article du Parisien