Jura : la cascade des Tufs bientôt protégée par un arrêté préfectoral

Le site des cascades situé sur la commune des Planches-près-d’Arbois avait attiré trop de touristes l’été dernier, des touristes pas toujours respectueux du lieu. Un arrêté préfectoral visant à protéger le site est soumis à consultation.

© Raoul Advocat - France Télévisions

L’arrêté de la Préfecture du Jura est soumis à consultation depuis le 23 novembre et ce jusqu’au 20 décembre. Il vise à protéger ce lieu naturel classé Natura 2000 et victime d’un fort attrait touristique.
 

L’arrêté s’appuie sur la richesse géologique et une biodiversité à protéger. 

Aux cascades des Tufs où coule la Cuisance, on trouve  plusieurs espèces protégées comme le Cincle plongeur (Cinclus cinclus), la Truite commune (Salmo trutta fario) et le Chabot (Cottus gobio). Le cours d’eau tufeux ( ces étonnantes concrétions de calcaires qui forme les cascades) doit être protégé des piétinement, baignades… et de l’affluence. 

Que prévoit l’arrêté de la préfecture du Jura ?

Le projet de texte vise principalement à interdire : 

  • la pénétration des personnes et des animaux domestiques dans le cours d’eau, y compris dans le bassin devant la Cascade des Tufs et dans les bassins tufeux présents en amont et à l’aval de la cascade. Cette interdiction vaut pour toutes les prises de vues et de photographies.
  • le prélèvement de tout élément tufeux, 
  • les chiens non tenus en laisse, 
  • l’utilisation du feu
  • la circulation et le stationnement de tout véhicule à moteur,
  • le passage de toute manifestation sportive, 
  • les activités de bivouac et camping, 
  • l’installation de tout équipement et les activités favorisant la fixation du public : buvette, restauration légère …
  • l’interdiction d’abandonner, de déposer, de déverser, d’épandre ou de jeter tous déchets, tous produits chimiques ou radioactifs, tous matériaux, remblais, résidus ou substances de nature à nuire à la qualité de l’eau, du sol, de l’air ou du site ou à l’intégrité de la faune et de la flore
  • l’interdiction d’introduire dans le milieu de toute espèce végétale ou animale non autochtone.

Les mesures environnementales qui figurent dans ce projet d’arrêté n’étaient pas de la compétence de la commune. Elle a dû faire face l’été dernier à des afflux en nombre de vacanciers. Du fait du premier confinement, et des “vacances en France”, le Jura a fait le plein de vacanciers, les points d’eau ont été particulièrement prisés. 

Les cascades des Tufs sur la commune des Planches-près-d'Arbois dans le Jura. • © Raoul Advocat - France Télévisions

Stationnement réduit, circulation interdite dans les rues de la commune

Le site des Planches-près-d’Arbois situé dans une reculée ne propose que quelques places de stationnement. Pour préserver les rues du petit village, la commune a interdit la circulation sur les voiries communales.
Le stationnement dans la commune est interdit aux non-résidents, sauf véhicules professionnels et ayants droit, dans tout le village, des 2 côtés des voies publiques, à l’exception du parking du verger Maillard (derrière l’église).
Un arrêté interdisant la baignade avait été pris le 15 juillet 2020, la commune avait posé en urgence des panneaux pour appeler les visiteurs à respecter le site naturel.
Si vous souhaitez visiter le site, privilégier les périodes hors saison, venez en vélo, ou prévoyer d’accéder au site des cascades via une longue randonnée. Certains jours, il n’y aura pas de stationnement pour tous !.
 

Source : article réalisé par Sophie COURAGEOT et publié le 30/11/2020 pr france3-regions.francetvinfo.fr

Lire également l’article réalisé par Sophie HIENARD le 20/07/2020 et publié par france3-regions

Jura : la cascade des Tufs prise d’assaut par les touristes, le collectif SOS Loue et rivières comtoises en colère

La Cuisance, affluent de la Loue, fait face à des centaines de touristes depuis début juillet. Le collectif SOS Loue et Rivières comtoises dénonce les conséquences néfastes sur l’environnement.

Dans le village des Planches-près-Arbois, dans le Jura, au milieu des roches majestueuses, s’écoule une rivière.  A quelques centaines de mètres de la source de la Cuisance, affluent de la Loue, les cascades des Tufs sont un lieu remarquable. Mais, depuis quelques jours, au cœur de cette étendue verte, des truites flottent aussi à la surface. Une conséquence des très nombreuses visites.

« Les poissons, ça ne crie pas. Mais, le milieu aquatique meurt », déplore Manon Silvant, de SOS Loue et Rivières comtoises. Le collectif d’associations craint une détérioration du site à cause de la surfréquentation de ces quinze derniers jours. Manon Silvant l’admet : « Ce n’est pas de la faute des visiteurs, car ils n’ont pas eu l’intention de détruire le lieu … Le problème, c’est qu’il y en ait autant. ».

Un afflux que note aussi Nicolas Germain, président de l’association agréée de pêche et de protection des milieux aquatiques de Crotenay (AAPPMA), et membre de SOS Loue et Rivières Comtoises. « Pendant le week-end du 14 juillet, il y avait plus de 2000 personnes à la Cuisance ! », s’exclame le pêcheur.

Un havre de paix piétiné

Face à cet afflux de touristes, un arrêté d’interdiction de baignade a été pris, mercredi 15 juillet. Mais le lieu ne désemplit pas. « Le plus effrayant, c’est que les vacanciers confondent les milieux naturels avec les milieux artificiels. Et quand je pars en vacances, moi, le premier. », reconnaît Nicolas Germain, qui a l’habitude de sillonner la Loue. Auparavant, cascades et havre de paix, le lieu se transforme en terres friables, habitats piétinés, traversés par des eaux troubles.

C’est aussi le constat de Pascal Mathieu, gérant de l’hôtel-restaurant Le Castel Damandre, à Planches-près-Arbois. Mercredi 15 juillet, le Jurassien pousse un coup de colère sur Facebook, publiant une vidéo de la cascade qui avoisine son hôtel-restaurant. Le niveau de l’eau est bas. Des touristes ont formé des barrages pour se baigner, en arrachant des pierres … au mépris aussi de la vie sous-marine.

« L’effet covid »

« En vingt ans, je n’ai jamais tué une truite, et là, tout le monde se baigne, les poissons agonisent.  Ce n’est pas une piscine ! », lâche-t-il, amer. Car d’après lui, c’est avant tout un problème d’ « éducation » au respect de la nature qui se joue. Si la crème solaire des vacanciers a pu contribuer à la mort des poissons, l’agriculture a joué aussi. Pascal Mathieu reprend : « Il y a une vie dans cette rivière, et il ne faut pas la piétiner. C’est comme si des géants nous marchaient dessus en permanence ».

En cause : le coup de projecteur sur les cascades des Tufs, nouvelle égérie des articles et reportages sur les sites touristiques en Franche-Comté« Le Jura communique beaucoup pour avoir du monde », ajoute Nicolas Germain. Mais l’absence de sensibilisation sur la fragilité des rivières, de la part du département, est aussi problématique : « Cette situation me fait de la peine, une politique touristique avec une préservation des lieux naturels aurait pu être organisée en amont. »

Et même si le nombre d’estivants grandit, crescendo, depuis plusieurs années, « l’effet covid » a joué. Aujourd’hui, les visiteurs arrivent par centaines, et leur profil a changé. C’est ce qu’explique l’hôtelier Pascal Mathieu : « Avant, c’était la petite famille. Maintenant, ce sont des groupes, qui arrivent par 20, 30 voire 50 personnes. »

« On ne peut pas faire payer les personnes responsables »

Pour un village de 120 habitants, c’est énorme. Les véhicules bordent les routes, empêchant l’accès aux Planches-près-Arbois. « Si les pompiers veulent passer, ils ne pourront pas le week-end », craint le gérant du Castel Damandre. Voyant les détritus et les dégradations du parc autour de l’hôtel, Pascal Mathieu a été contraint à fermer cet endroit aux visiteurs.

Difficile pour un gérant d’un hôtel-restaurant de dénoncer le comportement des touristes, lui dont le métier dépend de cette population estivale. « Sans vouloir faire de tri ou de discriminations », l’hôtelier déplore ces nouveaux agissements, tout en valorisant aussi ceux d’autres vacanciers : « On ne peut pas faire payer les personnes responsables, celles qui ramassent même les déchets des autres personnes. »

 « Un tourisme vert »

Également conseiller municipal, Pascal Mathieu souhaiterait un « tourisme vert ». Pour lui, la solution, ce serait « un parking, le plus loin possible du village ». Seules les personnes qui n’auraient pas peur de se déplacer à pied, iraient faire une halte là-bas. Bien sûr, un espace de stationnement plus proche du site serait prévu pour les personnes à mobilité réduite.

Mais, faut-il changer radicalement l’accueil des visiteurs ? Peut-être pas tout de suite. Depuis le week-end dernier, une légère amélioration se fait sentir. Après la pose de panneaux signalant l’interdiction de se baigner, les visites sont plus respectueuses. Pascal Mathieu le remarque : « l’eau est déjà plus claire, espérons que cela dure tout l’été. »0

Lire également l’article réalisé par R.A. et publié le 11/07/202 par france3-regions.f

Jura : victime de son succès, la cascade des tufs est submergée par les touristes

Dans le Jura, la cascade des tufs, sur le territoire des Planches-près-Arbois, connaît une affluence record de promeneurs et de touristes. Au risque de dégrader un site fragile.

Le tuf est la roche calcaire qui donne son nom à l’une des plus belles cascades de Franche-Comté. Aux Planches-Près-Arbois, dans le Jura, en pleine forêt, au bout d’un petit chemin, la cascade des tufs est presque dissimulée. Ici, l’eau s’infiltre dans un plateau, creuse une grotte et ressurgit en cascade. Après une période de pluies, le spectacle est grandiose.

Mais aujourd’hui, le site est victime de son succès. Les touristes et les promeneurs sont particulièrement nombreux cet été.

 

Il y a eu des articles sur les sites à visiter cet été, dont la cascade des tufs, ces articles tournent en boucle dans les journaux, les télés, les réseaux sociaux…

François Perrin, maire des Planches-près-Arbois



L’affluence est telle que le site est saturé et menacé. Certains touristes ne respectent pas les règles fixées pour protéger la cascade : interdiction de se baigner et de plonger. Pique-nique interdit aussi.

Dans le village des Planches-près-Arbois, les habitants sont excédés. Les rues sont étroites et ne peuvent pas recevoir un tel flot de touristes. Les places de parking sont en nombre très limité.