Accident de canyoning en Corse : l’enquête confirme l’imprudence du guide

Début août, cinq personnes ont perdu la vie dans un canyon du sud de la Corse, à la suite d’une brusque montée des eaux. Rapidement, la vigilance du moniteur de ce sport extrême avait été pointée du doigt.

Dès le lendemain du drame, le procureur d’Ajaccio évoquait une possible «imprudence» du guide de canyoning. Des soupçons confirmés par les conclusions des enquêteurs, chargés des investigations sur la mort de cinq personnes le 1er août dernier au canyon de Zoicu, dans le sud de la Corse. Mardi soir, Eric Bouillard a déclaré que l’«imprudence» du moniteur, décédé ce jour-là, était bien à l’origine de l’accident.

L’enquête menée par la gendarmerie pour homicide involontaire par imprudence «conclut au fait que le drame est à mettre en lien avec une imprudence de la part du guide», a annoncé à l’AFP le procureur Bouillard mardi soir. Le magistrat a précisé qu’il avait envoyé l’enquête aux familles et qu’il «attendait maintenant [leurs] observations avant de prendre une décision définitive.» C’est une fois leurs retours faits que l’enquête sera définitivement close.

Les investigations ont porté sur les raisons ayant poussé le guide à poursuivre la descente dans le canyon, alors que d’autres groupes avaient déjà renoncé en raison des conditions météorologiques. Deux guides entendus par les enquêteurs avaient expliqué avoir renoncé à faire la seconde partie plus technique du canyon et en avoir «avisé le guide d’Alticanyon, qui a pour autant décidé de poursuivre», avait indiqué le procureur au lendemain du drame.

Source : article publié le 26/09/2018 par Le Figaro Voir l’article

Précédemment :
Corse : après le drame, les règles de sécurité du canyoning en question

Au lendemain de la mort de cinq personnes dans un canyon de Corse-du-Sud, l’île de Beauté est «sous le choc». Tandis que le procureur d’Ajaccio évoque une «suspicion d’imprudence», la prise en compte des risques météorologiques est mise en doute. L’accident de canyoning le plus mortel de cette dernière décennie en France. Ce jeudi, les secours ont retrouvé le corps sans vie d’une cinquième victime, âgée de 22 ans, emportée la veille dans un canyon par une vague de trois mètres en Corse-du-Sud mercredi. Dans la soirée, le procureur d’Ajaccio Éric Bouillard avait déclaré que «l’enquête [allait] se poursuivre avec une suspicion d’imprudence compte tenu des premiers éléments».

Mercredi, douze randonneurs et un guide ont entamé la descente du canyon de Zoicu. Il s’agit de la taille maximale d’un groupe autorisée pour ce type d’activité. Pour rappel, le canyoning consiste à descendre des torrents et des cascades à la marche, à la nage ou par des sauts et des glissades. Mais «au fur et à mesure des difficultés», selon le procureur d’Ajaccio, cinq personnes ont finalement renoncé. Au vu des conditions orageuses, deux autres groupes ont également fait demi-tour. Seules ces sept personnes ont poursuivi la descente. L’enquête doit donc maintenant déterminer si le moniteur a suffisamment pris en considération les risques météorologiques.

La Corse n’était pas en alerte orange mercredi, niveau à partir duquel le canyoning est interdit. Mais il y avait «un risque orageux localisé en haute montagne, avec localement des cumuls très importants au même endroit», explique au téléphone Cyrille Duchesne, de La Chaîne Météo*. Le prévisionniste précise que «l’on peut être en dehors de l’orage est subir ses conséquences à plusieurs kilomètres avec une crue éclair.» Et de conclure: «un phénomène dangereux… mais fréquent en Corse.» Une mise en garde que l’on retrouve dans l’arrêté préfectoral de 2011 encadrant la pratique du canyoning sur l’île de Beauté: «Les crues peuvent rendre l’activité dangereuse à l’occasion de précipitations importantes spécifiques aux caractéristiques orographiques de la Corse.

«C’est au moniteur de s’assurer qu’il n’y a pas d’erreur de casting»

Parmi les cinq victimes du drame, l’une d’entre elles était âgée de sept ans, l’âge minimum requis par l’arrêté préfectoral pour le canyoning sur l’île. Néanmoins, l’enquête devra montrer si l’enfant était réellement apte à pratiquer ce type d’activité, sur un site situé à 1000 mètres d’altitude, avec des rappels de 18 mètres de haut.

Du côté de la Fédération Française de Montagne et de l’Escalade (FFME), Norbert Apicella, conseiller technique canyon, précise au Figaro que «c’est au moniteur de s’assurer qu’il n’y a pas d’erreur de casting». Aucun certificat médical n’est par ailleurs exigé pour pratiquer l’activité. Mais les canyonistes doivent être équipés d’un matériel spécifique composé de cordes, d’un harnais ou d’un casque de protection. Jeudi, le procureur d’Ajaccio a assuré que l’accident n’était a priori pas lié à un problème d’équipement

Concernant la formation des moniteurs, Norbert Apicella précise qu’ils disposent tous depuis 2010 d’un diplôme d’État et qu’ils ont l’obligation, tous les six ans, d’effectuer un stage de plusieurs jours pour renouveler leur certification. Mais le profil du guide interroge. Âgé de 36 ans, il avait fait l’objet de deux contrôles par les gendarmes. Un premier, en 2016, lors duquel il lui avait été demandé de s’équiper d’un moyen de communication, ce qu’il avait fait. Puis un second ce lundi, où il lui a été demandé de changer ses baudriers, «ce qu’il a fait immédiatement», a précisé le procureur Éric Bouillard.

Le ruisseau de Zoicu, considéré comme l’un des plus beaux de l’île, est fréquenté par des milliers de touristes chaque année. Ce jeudi, Bruno Maestracci, responsable du service de secours de Corse du Sud a confié à l’AFP que «l’émotion [était] palpable, on sent bien que les gens sont sous le choc.» Une enquête pour homicide involontaire a été ouverte.

Source : article publié par Le Figaro le 02/08/2018 Voir l’article

Voir également : Crue dans un canyon en Corse : le corps d’une cinquième victime retrouvé

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Accident en Corse : l’«imprudence» du guide au cœur de l’enquête